Barataria preserve

La Barataria Preserve est sur ma liste « à visiter » depuis ma première semaine ici, parce qu’il est recommandé dans la plupart des guides que j’ai lu. À 30min de New Orleans, c’est en effet l’un des endroits les plus proches pour aller se promener dans le bayou, mais les ouragans successifs ont forcé la fermeture du parc et nous avons jusque là profité de nos week-ends et vacances pour nous éloigner de NOLA.

En ce lundi férié, à l’occasion du Martin Luther King Day, on en a profité pour aller voir si ce bayou ressemble aux paysages que l’on a pu voir ailleurs, et on a compris pourquoi ce parc était en haut de la liste des recommandations aux touristes.

Après la rencontre avec un tatou au Texas, on a vu pour la première fois un modeste alligator. On s’est aussi émerveillés devant ce qui avait l’air d’une sorte de loutre ou castor, et qui s’est révélé être un « nutria ». (Après vérification, « nutria » se traduit par… ragondin!)

MLK Day

Plusieurs personnes m’ont demandé quelle était ma perception de la diversité ethnique à la Nouvelle Orléans et je suis à chaque fois obligé de faire le triste constat suivant : à l’exception d’un hipster de mon groupe de pignon fixe du mercredi (qui se plaint d’être trop souvent « le noir de service » dès qu’il est dans un groupe de blancs), la plupart des personnes de couleur que je vois sont pauvres, de l’autre côté du comptoir devant lequel je me trouve ou en train de s’occuper des parties communes et de la piscine de notre résidence.

Je reconnais volontiers que je suis assez peu cultivé sur le sujet du racisme, tout en ayant une image assez progressiste de moi même. Bien sûr, si ce qui définit un raciste est d’être une personne se comportement intentionnellement mal envers un groupe donné, je ne le suis pas! Bien sûr que je connais l’histoire de la ville où j’ai grandi et qui a prospéré grâce à la traite des noirs, appelée pudiquement « commerce triangulaire », mais je n’ai évidemment pas plus de responsabilité individuelle dans ces événements datant d’il y a 500 ans que dans le « racisme institutionnel » actuel.

Je sais expliquer que 99,9% de mes interactions sociales pendant 35 ans ont été avec des blancs : la plupart des milieux dans lesquels j’ai évolué l’étaient. J’ai bien conscience qu’être blanc, s’appeler Pierre et être bien propre sur moi m’ont par le passé bénéficié (sauf pour entrer en boite de nuit, parce que j’ai longtemps eu l’air plus jeune que mon âge).

Alors je fais quoi avec tout ça ?

Pour le moment, je lis.

J’ai fini la semaine passée « How to be an antiracist » et ai déjà dévoré la moitié de « White fragility ». J’essaie de comprendre un peu mieux ces sujets, de situer mon rôle dans ces dynamiques. J’essaie de comprendre « Black Lives Matter », les combats pour les droits civiques et ce qui est spécifique aux USA. J’essaie de comprendre leur façon de penser, de militer, et d’imaginer ce qui peut se traduire ou pas dans notre contexte français, bien différent.

Je bute pour le moment à comprendre les dynamiques qui relèvent du groupe (c’est le propre de la sociologie d’attribuer des caractéristiques à des groupes bien déterminés) et ce qui relève de l’individu (un des auteurs mentionne qu’une personne n’est jamais « responsable » individuellement de l’image du groupe auquel elle appartient). Comment décrire des problèmes et comportements systémiques sans mettre les gens dans des cases ? Comment ne pas faire basculer la conversation au niveau de l’individu pour réfuter le moindre argument qui nous déplaît ?

Ce dont je me réjouis déjà dans ces lectures est de voir autant de ponts avec d’autres luttes et d’autres sujets. J’ai parfois l’impression que le communautarisme à l’américaine divise plus qu’il n’unit, mais je comprends peu à peu qu’il est aussi possible de faire le mouvement inverse et de chercher dans chaque « cause » ce qui nous rassemble. Qu’il s’agisse de n’importe quelle minorité, de sexisme, de capitalisme ou de lutte pour l’environnement, il existe entre ces groupes un nombre incroyable de porosités.

J’avais assisté à une conférence sur l’éco-féminisme, dans laquelle l’orateur (homme!) expliquait ce qu’apportait à la lutte pour l’environnement les approches féministes, dans la façon d’agir et de manifester. Un groupe de militantes lesbiennes pour l’environnement avait expliqué qu’elles avaient senti le besoin de se rassembler parce qu’elles n’étaient pas à l’aise au milieu de vieux syndicalistes mâles aux méthodes pas très fines.

Je rêve que ce genre de groupes n’existent plus parce que chacun reconnaîtra ses propres combats dans ceux du voisin. Je rêve surtout qu’on réfléchisse à ce « pour » quoi on lutte plutôt que de sans cesse se battre « contre », parce qu’il faudra bien qu’il nous reste des idéaux et une raison de vivre quand on aura renversé le capitalisme.

Je sais, je rêve les yeux grands ouverts. C’est sans doute l’effet du Martin Luther King Day.

Tammany & Fontainebleau

Les américains ont une petite obsession de l’utilisation de la règle pour tracer les routes et les frontières. Combiné à un certain pragmatisme utilitariste, cela conduit à poser un viaduc de 40km en plein milieu du lac Pontchartrain.

On a pris aujourd’hui la voiture et emprunté la Lake Pontchartrain Causeway avec nos vélos dans le coffre, pour aller découvrir la Tammany Trace Bike Trail (ancienne voie de chemin de fer devenue véloroute) et nous promener dans le Fontainebleau State Park.

Riverwalk

San Antonio est un choc parce qu’on avait presque pris l’habitude de villes un peu désertes et de sites touristiques fermés. Ici la saison de Noël bat son plein, les restaurants et bars sont ouverts et il y a des touristes à tous les coins de rue.

Les aménagements de Riverwalk le long de la San Antonio River sont exceptionnels, propres et particulièrement bien entretenus si bien qu’ils ont l’air presque factices ou de manquer d’authenticité. Pourtant, les premiers travaux datent de la fin des années 30, quand la ville lança un grand plan d’urbanisme dans le cadre du New Deal, pour embaucher de nombreux sans emplois non qualifiés et sortir de la Grande Dépression.

La promenade est agréable en cette saison, notamment grâce à la variété de la végétation : certains arbres ont perdu leurs feuilles, d’autres sont encore très verts, des géraniums en fleur côtoient des bananiers. Au tomber de la nuit les guirlandes lumineuses tombant des arbres ayant perdu leurs feuilles ou entourant les troncs des palmiers éclairent la promenade d’une lumière festive et chaleureuse.

Missions

À San Antonio, Fort Alamo nous a livré tous ses secrets. Nous sommes ensuite partis plein Sud visiter les 4 autres Missions fondées par les espagnols : Espada, San Juan, San José et Concepción.

Hills Country

On a compris aujourd’hui pourquoi nous n’avons pas pu visiter la Hamilton Pool Preserve hier, ni le Pedernales Falls State Park ce matin : les gens raisonnables ont manifestement décidé de fêter Noël en extérieur et de réserver en masse leur accès aux parcs naturels de Hills Country.

On a donc fait un crochet sur la route en direction de Blanco. Encore une rivière et des arbres aux couleurs automnales sur un fond de ciel bleu (presque) sans nuages, on ne s’en lasse pas!

Christmas songs

Je n’avais jusqu’ici jamais bien compris la passion de certaines personnes pour les chansons de Noël, et ma connaissance de se répertoire se limitait jusque là à Wham! et Mariah Carey.

Dans un objectif assumé d’intégration culturelle, on a bloqué l’autoradio de la voiture sur Magic 101.9 « New Orleans Adult Contemporary Music », sorte d’équivalent local à Nostalgie. Cette station ne diffuse que des « classiques » et on se familiarise peu à peu avec le paysage musical local.

Depuis le début du mois de Décembre, Magic 101.9 diffuse EXCLUSIVEMENT des chants de Noël. Mes deux favorites sont pour le moment les suivantes :

Have a holly, jolly Christmas
It’s the best time of the year
I don’t know if there’ll be snow
But have a cup of cheer
Have a holly, jolly Christmas
And when you walk down the street
Say hello to friends you know
And everyone you meet
Oh, ho the mistletoe
Hung where you can see
Somebody waits for you
Kiss her once for me
Have a holly, jolly Christmas
And in case you didn’t hear
Oh by golly have a holly jolly Christmas
This year