Il était plus question de trouver un endroit confortable que nécessairement s’abandonner à des cocktails.
J’avais un très bon souvenir des sièges généreux sur le porche, d’où l’on surplombe St Charles, mais ils étaient occupés.
Les transats au bord de la piscine avaient été rassemblés par un petit groupe attroupé tout au bout du long bassin, une employée regroupait des sièges en rotin sur la partie haute de la terrasse.
Alors on est d’abord allés au bar, et avons sans nous concerter commandé tous les deux le même cocktail. On a ensuite explorés les salons pour trouver où se poser.
La patronne de QiQi auprès de laquelle je m’étonnais que cet ouragan ait été étonnamment calme, m’a répondu « All storms are different, that’s how we remember them. ».
Je n’y avais pas fait attention les années précédentes, mais j’ai percuté le 29 Août que ce jour n’est pas seulement la date anniversaire de mon arrivée ici: c’est aussi Katrina Day.
Nous entrons dans un nouveau cycle climatique actif, lié à l’alternance de El Niño et La Niña dans le pacifique, mais après 4 ans ici c’est aussi un nouveau cycle électorale à la présidence des USA et de l’université de Strasbourg.
Les souvenirs des premières évacuations en Floride me reviennent, je construis un nouveau site de campagne pour mon ami M, je comprends un peu mieux la politique américaine.
Ce n’était peut-être pas aussi bien que l’an dernier – sans doute parce que j’avais trop d’attentes après 2 années réussies – mais Horse Meat Disco reste la meilleure « circuit party » de l’année.
En début de soirée j’ai dit à mes amis que LA chanson que j’attendais était « MacArthur Park », et j’ai abandonné ma place dans la file d’attente du bar pour rejoindre le dance floor quand j’en ai entendu les premières notes peu après minuit.
Plus tard on entendra « Dancing on my own », « Dancing Queen » ou encore « Dance with Somebody », et je suis frappé comme l’an dernier à quel point le disco est un style si joyeux et dansant, même quand il est mélancolique.
Je me souviens avoir été longtemps hermétique à ce style, sans doute à cause de « I Will Survive » dont je n’a jamais compris pourquoi il était devenu un hymne de stades, et peinant à comprendre que l’on puisse chanter la rupture ou la nostalgie de façon aussi dansante.
Il est près de 3h quand les lumières se rallument, et je n’ai pas vu le temps passer. On ne me voit pas souvent dehors après minuit et je suis presque tenté de suivre le reste du groupe dans le Quarter.
Dimanche matin j’entends au téléphone la famille de Baptiste s’étonner de l’entendre raconter que j’ai dansé « en boîte » jusqu’au milieu de la nuit: « mais il a quel âge, Pierre? ».
J’ai pris 2h de mon temps dimanche pour aider un français en galère s’étant fait voler son téléphone en fin de soirée dans le French Quarter. J’ai une voiture et parle suffisamment bien anglais pour échanger efficacement avec un service client, donc on est allés au Apple Store de Métairie, faire en sorte de verrouiller son appareil et de récupérer les accès à son compte iCloud.
Je l’ai d’abord fait par empathie, parce que je serai bien content d’avoir un peu d’aide d’un inconnu en pareil circonstances, mais j’avais aussi en tête l’idée d’être en train de« faire un dépôt à la banque des faveurs ». (Je ne sais pas si l’idée est de lui, mais Paolo Coelho l’a popularisée dans son roman « Le Zahir »).
On en a reparlé hier avec mon ami J. a l’occasion de notre sortie vélo du Mardi, et il était amusant qu’il évoque spontanément une raison similaire d’aider ce français: l’idée de « paying forward ». Au lieu de retourner une faveur à quelqu’un (pay back), c’est l’idée de diriger ce « dû » envers quelqu’un d’autre (pay forward) en espérant contribuer à un cercle vertueux de « réciprocité générale ».
Ce dimanche, je retourne voir Australian Pink Floyd, groupe de reprises que j’ai déjà vu au Zénith de Nantes il y a un paquet d’années, et que j’ai hâte de revoir sur scène.
Leur parti pris est de chercher à reproduire à l’identique le son des Pink Floyd, et je me souviens que mon père avait été un peu déçu de la formule: ce n’était ni exactement pareil pour que l’illusion fonctionne, ni suffisamment différent pour que l’on apprécie une quelconque réinterprétation du répertoire.
Puisqu’il n’est pas possible de voir l’original, je suis de mon côté content de voir ce qui s’en rapproche le plus. J’écoute depuis des années en boucle « Pulse », incroyable live d’une tournée de 1994 en Europe. J’ai d’abord surtout écouté le 2nd CD, qui reprend « The Dark Side of the Moon », puis ai eu différentes chansons favorites au fil des années.
Il y a 10 ans j’étais hypnotisé par l’intro aux roto toms de « Times », j’aimerai trouver une façon visuelle permettant de représenter comment est construite la rythmique et la mélodie, je suis fasciné de la façon dont c’est à la fois cohérent et déconstruit, et comment tout se met peu à peu en place, un peu comme en musique électronique quand des samples viennent donner un par un des bribes de mélodie et de sons qui bientôt assemblés vont former un tout. (Version complète ici)
Plus récemment c’est « High Hopes » qui a attiré mon attention, par certains bouts de paroles que je comprends, mais surtout par sa mélancolie et pour l’incroyable solo de steel guitar. Bien sûr je recommande l’écoute des 5 minutes et 9 secondes qui mènent à ce « forever » et cette envolée mélodique, mais pour les pressés l’extrait suivant en est une reproduction quasi parfaite:
Cette semaine c’est Comfortably Numb que je redécouvre, doublement. D’abord la seconde moitié du morceau est occupée par une section de guitare incroyable, chargée d’une émotion qui me donne la chair de poule et fait naître une larme au coin de l’œil si je me laisse aller:
Je me suis aussi souvenu avoir découvert ce titre via les Scissor Sisters, et avoir à l’époque si peu aimé l’intro que je coupais la radio ou passait la chanson dès que je l’entendais. J’ai hier redonné une chance à cette reprise, et ai été très agréablement surpris de la fidélité à l’original dans une version si disco.
Je ne sais pas ce qui me touche particulièrement dans leur musique, je crois que je suis tombé dans leur univers via la bizarrerie de « Atom Heart Mother » – morceau découvert au collège en deux temps, parce que j’ai longtemps pensé que l’enregistrement se terminait à la 18ème minute avec l’envol de l’avion, avant de me rendre compte qu’il y avait encore 5min30 d’écoute pour parachever cette « suite ».
Je me suis rendu compte ces dernières années être plus à l’aise avec mes propres émotions, acceptant de me laisser aller devant un film, une série ou écoutant de la musique, laisser monter et apprécier ces vagues internes de plaisir, bonheur ou parfois frustration ou colère aussi, plutôt que de les réprimer par pudeur ou conformisme. Avant d’en arriver là, la bande des Pink Floyd avec leur claviers, chœurs, saxophones, roto toms, steel guitars et autres captation audio avaient manifestement déjà trouvé une façon de véhiculer des émotions à laquelle j’étais réceptif, même sobre.
Une citation attribuée à Eddie Van Halen (mais dont je n’ai pas retrouvé la source) résume mon appréciation pour Gilmour en particulier, mais s’applique à toute la musique du groupe:
« David Gilmour is the benchmark of less being more. He has proved that shredding and fast playing is not the benchmark of mastery level. Gilmour never wastes a note; he builds his solos like a painter; every note, every bend, every tonal inflection has merit…David’s solos paint a picture in the minds of his listeners. Something that really is a testament of his talent as a guitar player. »
C’est exactement ça: impossible pour moi d’écouter « shine on you crazy diamond » sans imaginer que les 2 minutes de synthétiseur planant puis la mélodie à la guitare puissent raconter autre chose qu’une rencontre avec un vaisseau extraterrestre.
Tentant d’écrire une nouvelle il y a quelques années, je faisais écouter l’intégralité de « The Dark Side of the Moon » au personnage principal, dans un moment de nostalgie lui rappelant l’écoute de ce vinyle chez ses parents, pendant qu’il prépare sa valise pour aller à Berlin régler une histoire personnelle lui tenant à cœur.
La puissance émotionnelle, planante et inspirante de cette musique me touche, et je ne lui en ai pas encore trouvé d’égal. J’espère que Mahler n’en prendra pas ombrage, mais je crois que c’est bien un album de Pink Floyd que j’emporterai sur une île déserte si on ne m’autorisait a en emporter qu’un.
Leur show de Noël était si bien il y a un an et demi, que je suis retourné les voir pour leur tournée de 10ans.
J’aurai évidemment préféré une configuration de salle avec un public debout, mais PMJ est clairement dans le top3 des concerts auxquels j’ai eu la chance d’assister (et loin devant les super shows vus l’année passée dans des stades, que ce soit Beyoncé ou Madonna).
La qualité des musiciens, des chanteurs et des arrangements est incroyable. À la fois précis et professionnel, tout en étant étonnamment détendu. C’est souvent à cela que l’on reconnaît le vrai talent: ça ne se prend pas trop au sérieux, ça l’air facile, et les poils se dressent.
En début de semaine, impossible de retrouver la référence d’une chanson entendue il y a 10j lors de notre week-end dans le bayou. J’ai réécouté les deux mixes dans lesquels je pensais avoir déjà entendu cet extrait: un set de Horse Meat Disco à une soirée BoilerRoom, et un enregistrement de Sleaze Disco du podcast « The Pine Walk Collection ». Impossible de retrouver l’extrait.
Ce matin je retrouve dans mon téléphone la référence dans une capture d’écran faite au moment de l’écoute! Je file sur Youtube. C’est ça! Ou presque: ce n’est pas l’original!
(Passez les 30 premières secondes d’intro boom-boom)
J’écoute et cherche les paroles (« I say I’m gonna leave, a hundred times a day »): il s’agit de « Young Hearts Run Free » de Candi Staton.
Après un détour sur Wikipédia, je découvre que ce fut un hit en 1976… mais qu’en Europe son plus gros succès est « You Got The Love », en 1986.
Si j’en avais encore l’archive je vous mettrai un lien vers un post de blog du printemps 2010, dans lequel je parlais d’une de mes chansons favorites cette année là: You Got The Love… par Florence+TheMachine! Comment ça ce n’était pas un original?!?
Don’t you just love these long rainy afternoons in New Orleans when an hour isn’t just an hour—but a whole little piece of eternity dropped into your hands—and who knows what to do with it?