Pour combler une forme de vide j’ai récemment eu tendance à remplir mes week-ends, parce que je ne sais pas quoi répondre d’excitant quand on me demande « What’s up with you these days? ».
Petite épiphanie la semaine dernière à l’occasion d’un Walk&Talk et d’une conversation avec ma petite sœur: je suis libre de faire ce que je veux, je « n’ai qu’à ». Mais encore faut il réussir à faire preuve d’un peu de consistence et de concentration.
5 ans que je suis ici, 2 ans que je suis « stable » dans un boulot. Le tunnel « Halloween – Thanksgiving – Noël – Mardi Gras » approche, et je suis maintenant familier des cycles du calendrier local. Il y a deux moments de spleen dans l’année: après Mardi Gras et après Southern Decadence.
À cette période l’an dernier j’étais un peu surmené par le boulot mais accompli professionnellement. Cette année c’est intéressant aussi mais un peu moins épanouissant, et je n’ai pas de break à NYC en vue pour me changer les idées. On verra si le petit trip prévu à Shenandoah National Park produit le même dépaysement.
Du coup je réponds « Ugh, just a lot of work lately.».
J’essaie de me focaliser sur moi et faire ce que j’aime. Aller à tout seul à un concert vendredi soir et passer un super moment. Faire un donut-ride avec la team Voulez-Vous Rouler.
Je me suis fait à l’idée que mes camarades de route ne sont que des « potes de vélo » et je me trouve parfois seul même au sein de ce groupe, mais j’avais le sourire en tête de cortège samedi matin, content de « mener » ce petit groupe, content d’avoir de nouveaux membres. Je ne sais plus exactement quand on a commencé mais ça doit faire au moins 2 ans et demi qu’on roule ensemble, c’est un début de consistence.
Encore un concert Samedi – décision de dernière minute – : j’ai passé 2h à sauter sur la musique de Franz Ferdinand. Concert un peu à l’ancienne: une batteuse, un bassiste, un clavier, un guitariste et un chanteur. Pas d’effets scéniques et pas de vidéo, juste 5 musiciens qui envoient du lourd.
La salle n’est pas pleine, l’énergie est un peu moins présente que la veille mais l’esprit est similaire. Il y a une sorte de communion entre la scène et la salle, un esprit de liberté, des gens qui chantent et dansent ensemble. J’ai peur d’en avoir fait un peu trop avec deux concerts back to back, que le son et l’expérience de Samedi effacent un peu Santigold vue la veille, alors je re-regarde les vidéos pour ancrer les souvenirs, décider si ces soirées sont de ces « moments » que j’aime compiler et me remémorer.
À l’occasion d’un autre Walk&Talk je déraille de mes thèmes habituels et rêve à voix haute de ce à quoi pourrait ressembler ma vie pro dans 5 ans. J’imagine ce qu’il faudrait mettre en place pour y arriver. Les idées débordent. Ha! Il suffirait donc de me focaliser sur des choses constructives pour changer de dynamique?
Je voudrais bien perdre quelques kilos et avoir des abdos. Mais concrètement je ne fais rien pour, donc je n’ai pas d’abdos. Duh.
Est-ce donc si simple? Il suffirait de l’écrire ou de le dire à voix haute pour réaliser le décalage entre les idéaux et la réalité? Comme au boulot identifier les états présents et désirés puis établir un plan d’action pour « combler le gap »?
Pas seulement. Consistence et concentration on a dit plus tôt.
À Pensacola il y a quelques semaines je voulais voir le lever du soleil sur la plage. Rien de fou, mais je savais qu’il fallait minimiser l’énergie nécessaire au réveil, ou sinon j’allais rester dans mon lit.
Avant de me coucher j’ai pris 5min pour visualiser mon matin, j’ai préparé sur une chaise mes vêtements, mon téléphone, le pass de l’hôtel et une serviette de bain.
Le téléphone a sonné, il était évidemment trop tôt mais je ne me suis pas laissé le temps de réfléchir et j’ai robotiquement enfilé mes affaires et quitté la chambre discrètement.
La chance souriant à ceux qui se lèvent tôt, le café était déjà prêt dans le lobby de l’hôtel et j’ai pu en emporter une tasse sur la plage.
Magie totale. Il y a des oiseaux, des dauphins, des petits crabes sur la plage, des pêcheurs. La brise du matin est incroyable après le soleil caniculaire de la veille. Le soleil se lève, je prends des photos, finis mon café, je discute avec un ancien militaire qui me raconte les levers de soleil aux Bahamas.
Je me baigne et fais la planche, comme mon père. Petit je ne comprenais pas l’intérêt de flotter pour flotter, mais j’ai pris l’habitude de faire comme lui, de me laisser porter par les vagues, regarder le ciel, et faire partie de l’océan pour quelques instants.
Pure magie dont je serai passé à côté si je n’avais pas pris le temps de régler mon réveil et de préparer mon maillot de bain.
Midlife crisis is real, y’all.
J’ai pris un bout de carton qui traînait et j’ai commencé à décrire ma vie « idéale ».
C’est un paradoxe mais pour quelqu’un d’imaginatif et qui aime rêver, j’ai du mal à me projeter. Sans doute parce que je ne suis pas habitué à l’exercice ou que j’ai trop internalisé que ce que je veux n’est pas pour moi.
Le vision board peut être contre-productif si c’est un support de fantasme plus que d’action, mais rien n’est plus efficace pour attirer mon attention que la nouveauté.
Il va falloir ensuite éditer, prioriser et passer à l’action.
J’expliquais à ma famille récemment l’expression « playing possum », dont je ne connaissais que la traduction « faire le mort », et mais pas le biais cognitif menant à l’immobilisme face à la prise de décision et au changement.
J’essaie de me projeter en me demandant quelle vision de ma vie d’aujourd’hui j’aurai dans 5 ans, et je me demande à laquelle de ces deux reprises de Post Modern Jukebox entendues au Saenger de Pensacola en Août je m’identifie le plus: Creep de Radiohead (« What the hell am I doin’ here? / I don’t belong here »)? Ou Nothing else Matters de Metallica (« Forever trusting who we are / And nothing else matters »)