Green Grease

Depuis quelques jours j’essaie de déverrouiller mon téléphone en entrant le code de l’iPad de la boutique de location de vélo. Du côté de l’école dans laquelle je fais des remplacements, on m’a confié cette semaine un badge pour pointer mais je n’ai toujours pas été payé pour Avril. Deux salles, deux ambiances.

Aujourd’hui je me suis occupé de quelques vélos dont les protections de chaine vibrent. Après rapide enquête, je comprends que c’est parce que l’embout mobile de gauche se serre aussi progressivement que le boitier de pédalier se desserre à droite : tout l’ensemble se décale progressivement et le support du garde chaîne n’est plus maintenu.

Mes heures de lecture sur le site le plus moche mais le plus instructif du web (Sheldon Brown) ont été bien investies en 2012 quand j’ai converti un Motobécane pour en faire un pignon fixe : j’ai suffisamment de souvenirs quand aux standards de filetages italiens, français, suisse et britanniques pour comprendre comment une conception merdique est à l’origine de ce phénomène.

(Je sais, sans images c’est sans doute un peu abstrait.)

Au delà du plaisir de sortir un peu de la routine et d’utiliser un arracheur de manivelle et une douille cannelée (ça change de la clé de 15 et des clés Allen de 4, 5 ou 6), le réel bonheur de ces opérations est le moment du remontage et j’ai mis un petit moment à comprendre pourquoi graisser les taraudages du cadre ou l’axe de pédalier me donnaient le sourire.

Il y a sans doute une part de plaisir régressif (sexuel ?) d’étaler au doigt de la graisse (sans autre raison que parce que c’est le moyen le plus simple de procéder) mais je crois que cette opération me rappelle surtout les heures passées à assembler pièce à pièce mon vélo de polo ou de randonnée. La graisse verte est pleine de promesses : elle matérialise le soin apporté au montage ou à la réparation, le vélo qui sera bientôt en état de rouler. Elle est un message envoyé au futur à celui qui – peut-être – démontera ces pièces et se satisfera qu’elle les ait empêchées de se gripper.

A l’école aussi il y a des activité manuelle, mais moins gratifiantes. Alors que je suis content d’utiliser mes compétences autodidactes de mécanicien vélo pour 15$ de l’heure, j’ai eu du mal à me sentir bien employé vendredi quand j’ai passé 20min à tailler les 147 crayons de couleur d’une classe de maternelle. « C’est d’autant plus con que ça prive les marmot de l’occasion de pratiquer la motricité fine », a ajouté Baptiste.

Une réponse sur « Green Grease »

  1. Ah ah toujours aussi pragmatique Baptiste ! Faut que tu racontes le coup de l’appel de la fin de la classe tu m’as trop fait rire quand j’imaginais la scène !

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