Très en avance à l’aéroport, j’ai décidé – une fois passé le check-in et la sécurité – de me poser dans un bar à vin plutôt que d’attendre à la porte d’embarquement.
J’ai noté n’avoir pas eu mon verre d’eau sitôt assis, et j’ai commandé sans sourciller un verre de sauvignon blanc à 15$ (hors taxes et hors pourboire).
Je me demandais dans le dernier épisode de mes Chroniques Louisianaises si j’avais changé, depuis un an et demi, si je m’étais « américanisé. Je voyage en jogging et j’ai donné un pourboire au chauffeur Uber. J’ai pensé « oh my God, I love the South » quand l’agent de sécurité m’a dit « I’ll be right with you, my love ». Peut être que la réponse est oui.
À la table d’à côté 4 hommes de générations différentes se sont fait quelques tournées de gin tonic. Je lis sur leur visage que l’alcool fait déjà son effet. Au moment de partir on échange quelques plaisanteries et ils me serrent la main en me souhaitant de joyeuses fêtes. Au bar un monsieur chauve avec un crucifix pour pendentif flirte avec la serveuse ; un homme typé sud-américain – que j’ai vu au check-in et qui sera sur mon vol – commande un Sazerac. Deux jeunes femmes ont bu (moins disrètement qu’elles ne le pensent) des mignonettes d’alcool fort et ne savent pas quoi faire des bouteilles vides, qu’elles finissent par confier à la serveuse.
Mon voisin sur la banquette, aux ongles bleus, ferme son MacBook et demande l’addition. L’homme au pendentif en crucifix commande un second verre de vin. Je ne suis pas sûr de savoir lequel des deux je veux imiter, mais je crois que je vais prendre un second verre.