« I’ll be right with you, baby » m’a dit mardi matin la caissière du Whole Foods en me faisant signe de quitter ma file d’attente et de rejoindre la caisse qu’elle était en train d’ouvrir. Je ne sais pas si c’était la première fois qu’on m’appelait ainsi mais ça m’a fait sourire en y repensant ensuite dans la voiture, sur le chemin du retour.
Au boulot, Eric utilise aussi « baby » ou « sweetheart » à tout va. Il le fait surtout avec les clientes afro-américaines, mais c’est tellement un tic de langage que cela lui échappe aussi parfois avec des interlocuteurs masculins. On s’était fait la remarque avec Barrett, qu’aussi typique du sud que cela soit, ce type d’expression peut aussi être perçu comme particulièrement sexiste ou condescendant.
L’après-midi même, patientant avec un café dans la salle d’attente sur-climatisée du concessionnaire Nissan chez qui je suis allé faire la révision des 90 000 miles, j’entends la secrétaire envoyer elle aussi du « baby » ici et là. Mon tour venu, j’y ai aussi eu droit et ai de nouveau eu le sourire. N’est-ce finalement pas juste affectueux ? Est-ce que d’ici quelques temps je ponctuerai moi aussi mes phrases ainsi ?
J’y fais maintenant attention tout le temps, je guette ces expressions qui rythment les conversations, et plus spécifiquement chez Eric, dont l’accent, les intonations et les expressions interrogent souvent les visiteurs au point qu’on lui demande régulièrement d’où vient son parler. A force de l’écouter j’ai constaté qu’il emploie aussi « man » quelque soit le genre de la personne à qui il s’adresse, et qu’il a le sens de l’hyperbole. Il ne se passe pas un seul jour sans que je sois « bro » (frère), « a godsent » (un envoyé du ciel), « an asset to the company » (un atout pour l’entreprise) ou « a beautiful dude » (une belle personne). De là à ce qu’il m’appelle un jour « baby », je ne serai même pas surpris!