Jazz

Chaque fois que je suis passé devant le Royal Frenchmen Hotel à vélo, j’ai eu envie de m’y arrêter.

La rue est à sens unique et en arrivant depuis Washington Square on aperçoit deux étages de galeries donnant sur une cour intérieure dont la clameur se fait de plus en plus distincte à mesure que l’on s’approche.

Une fois devant, un mur empêche de voir ce qu’il se passe à l’intérieur, mais les guirlandes lumineuses et le haut des parasols qui dépassent laissent deviner une agréable terrasse. Le public tassé dans les étages ondule au rythme de la musique, un verre à la main, et si la file d’attente n’est pas trop dense, on tente de deviner à travers l’étroit portail en fer forgé de quels instruments le groupe est formé.

Dimanche après-midi, Baptiste m’a rejoint après le boulot, et au lieu d’aller dans l’un des bars du Quarter que l’on connaît, on est allés jusqu’au quartier voisin du Marigny garer nos vélos sur Frenchmen Street. Si Bourbon est la rue festive du French Quarter (plutôt touristique, étudiante, pas forcément raffinée), Frenchmen en est le pendant local et Jazzy. Comme je le disais l’autre jour lors d’une visite guidée nocturne : « Le taux d’alcoolémie y est le même, mais la moyenne d’âge sur Frenchmen est de 10-15 ans plus vieille que sur Bourbon. »

La partie intéressante de la rue ne fait que 2 ou 3 blocs, mais dans chaque bar joue un groupe de musique et c’est ici que se trouve le Spotted Cat, réputé pour sa programmation. A l’angle de Frenchmen et Royal se trouve le fameux hôtel, et nous nous y sommes cette fois-ci arrêtés.

Trumpet Mafia – Royal Frenchmen Hotel

La dernière fois que Baptiste et moi étions allés à un tel concert, c’était pour écouter l’Orchestre National de Jazz à Strasbourg. Pour des novices comme nous, l’expérience de partitions contemporaines dissonantes avait été désagréable, à la limite du seuil de douleur. Dimanche dernier, Jason Brockamp et le New Orleans Wildlife Band nous ont réconcilié avec ce style de musique.

On a rapidement compris qui était Jason Brockamp, menant le groupe derrière sa contrebasse, mais en revanche impossible de savoir exactement la composition du Wildlife Band. Un geste de la main et une musicienne rejoint le groupe pour un solo à la flute traversière, avant de fendre à nouveau le public et de s’éclipser. Un peu plus tard un trompettiste vient lui aussi faire une impro, puis range son instrument et s’en va. Le groupe fait une pause et on comprend qu’une grande partie du public est constituée d’habitués, de petites amies ou de potes musiciens.

La musique reprend, un jeune homme au 1er rang se lève, cigare à la main, pour aller faire les chœurs quelques temps avant de briller à son tour et de nous faire la démonstration de ses capacités vocales. Le chanteur principal prend le contrôle, fait des signes aux musiciens, fait chanter le public, il a une voix et un charisme incroyable. On se demande s’il n’a pas passé ses dimanches de jeunesse à chanter à la messe.

De nouveau, quelqu’un se lève et rejoint le groupe. Cette fois-ci c’est pour un slam, et notre niveau d’anglais nous permet de comprendre qu’il improvise un ode à la musique et à la vie qui reprend. La nuit tombe, l’atmosphère est encore plus intime et chaleureuse, le public continue de faire les chœurs et on n’est plus bien sûr de savoir si on est dans la cour d’un hôtel ou à l’église.

Ce dont on est certains par contre est d’avoir assisté à un moment unique et d’avoir vu la musique s’inventer sous nos yeux, véritablement « en live ». C’est ça le jazz ?

Une réponse sur « Jazz »

  1. Oui c ça le jazz !
    Ca me fait plaisir que l’experience strasbourgeoise soit dépassée et j’ai vraiment hâte de venir partager qques bons moments comme ceux là !…et aussi de partager avc vs ce pt hobby!!!

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