On a passé le 26 Novembre sur la route, rentrant sous la pluie à New Orleans. Pas de dinde pour nous au menu : on s’est arrêtés dans une Waffle House près de Lake Charles.
Déco et booths de style diner, faune locale qui ne semble pas avoir notre excuse d’être là simplement parce que c’est sur notre route, le tout avec vue sur un centre commercial en ruine suite au passage du dernier ouragan. « C’est pas traditionnel mais ça reste typiquement américain. » a commenté mon ami G.
J’ai écrit dans mon poste précédent mon incompréhension de certains éléments de culture américaine. Leur propension à se sentir grateful et blessed pour tout et n’importe quoi contribue à mon impression qu’ils sont parfois un peu superficiels, de la même façon qu’ i love you relève quasiment de la ponctuation.
Thanksgiving a ses détracteurs (#colonisation), mais au delà de la polémique et de mon procès en superficialité, je dois dire que je suis assez sensible à ce que représente cette fête pour beaucoup : prendre le temps de se réunir en famille ou entre amis, prendre le temps d’exprimer sa gratitude.
Après une éducation catholique, je me suis largement éloigné de la religion pour finalement retrouver une forme de spiritualité au contact d’individus ou de la nature, à pied, à ski ou à vélo. Certains (re)trouvent la foi dans la difficulté, la maladie ou la mort, je l’ai moi retrouvée lors d’interactions humaines incroyables, devant des paysages grandioses ou simplement faisant l’expérience de moments de bonheur simple, seul sur mon deux-roues sur les véloroutes européennes.
Je l’avais déjà écrit sur mon blog précédent (qui a sauté récemment et dont j’espère n’avoir pas perdu les archives) : j’essaie depuis quelques années d’être attentif à tous ces moments et interactions — que les croyants attribuent à un être supérieur remercié par la prière — non seulement pour en profiter au maximum, mais aussi pour me donner l’opportunité de vivre ce sentiment de gratitude.
Au quotidien je fais l’exercice de noter dans un carnet ou sur mon téléphone ces « instants qui comptent ». Au moment du nouvel an je prends le temps d’ « archiver » les éléments marquants de l’année. Il peut s’agir aussi bien d’événements exceptionnels telle l’ascension (puis la redescente!) d’un pizzo Suisse autant que la simplicité d’une conversation qui compte avec un être cher.
Ainsi donc, je suis particulièrement réceptif à l’idée de consacrer un jour férié à une fête consistant à passer du temps avec les gens qui sont importants pour nous, et à prendre le temps d’être reconnaissant. Peut-être aurions nous passé la journée différemment si j’y avais réfléchi plus tôt, mais je suis en tous cas certain de vouloir désormais graver cette journée dans mon calendrier.